Les cotisations que vous payez déjà
Chaque trimestre, vous versez une contribution à la formation professionnelle (CFP) en même temps que vos cotisations sociales. Le montant dépend de votre activité : 0,10% du chiffre d'affaires pour les commerçants, 0,20% pour les professions libérales et 0,30% pour les artisans.
Ces sommes paraissent dérisoires mais elles s'accumulent. Sur un chiffre d'affaires annuel de 30 000 euros, un consultant libéral verse 60 euros par an. Un artisan au même niveau de revenu contribue à hauteur de 90 euros. Autant utiliser ces droits plutôt que de les laisser dormir.
Cette cotisation obligatoire ouvre l'accès au financement de formations, quel que soit le montant de votre chiffre d'affaires. Même si vous débutez et facturez peu, vous pouvez demander une prise en charge.
Votre organisme de référence selon votre activité
Les auto-entrepreneurs dépendent de différents fonds d'assurance formation selon leur secteur. Les artisans relèvent du FAFCEA, qui finance des formations dans tous les métiers du bâtiment, de l'alimentaire, des services ou de la fabrication.
Les commerçants et professions libérales non réglementées passent par l'AGEFICE. Cet organisme couvre un large panel d'activités, du commerce de détail aux métiers du conseil en passant par les services aux entreprises.
Les professions libérales réglementées (avocats, architectes, experts-comptables, professionnels de santé) ont leur propre caisse selon leur ordre professionnel. Un kinésithérapeute en micro-entreprise ne s'adresse pas au même organisme qu'un graphiste indépendant.
Pour connaître votre organisme de rattachement, vérifiez le code APE qui vous a été attribué lors de votre inscription. Votre URSSAF peut également vous renseigner si vous avez un doute.
Les formations qui peuvent être financées
Presque tous les types de formation sont éligibles, du stage de quelques heures au parcours de plusieurs mois. La seule condition : la formation doit être dispensée par un organisme certifié Qualiopi. Ce label garantit la qualité de la prestation et permet le financement.
Les formations techniques liées à votre métier constituent la majorité des demandes. Un plombier peut se former aux nouvelles normes thermiques, un développeur web aux derniers langages de programmation, un photographe à la retouche vidéo.
Les formations en gestion d'entreprise sont aussi prises en charge. Apprendre à tenir sa comptabilité, maîtriser les tableaux de bord, comprendre les obligations fiscales ou développer sa stratégie commerciale entre dans le cadre du financement.
Les langues, le marketing digital, la communication sur les réseaux sociaux ou encore les logiciels professionnels font partie des thèmes régulièrement financés. L'organisme vérifie juste que la formation a un lien avec votre activité déclarée.
Combien vous pouvez obtenir
Les plafonds de prise en charge varient selon les organismes. Le FAFCEA finance jusqu'à 3 000 euros par an pour les artisans, avec des montants qui peuvent grimper selon les besoins spécifiques et les priorités sectorielles.
L'AGEFICE propose également des enveloppes qui tournent autour de 2 000 à 3 000 euros annuels, parfois plus pour des formations longues ou certifiantes. Ces montants couvrent les frais pédagogiques mais rarement l'hébergement ou les déplacements.
Certaines régions complètent ces financements avec leurs propres aides. Il existe aussi des coups de pouce spécifiques pour la transition numérique, l'apprentissage des langues ou les formations liées à la transition écologique.
Le financement peut être total ou partiel. Si votre formation coûte 1 500 euros et que l'organisme en finance 1 200, vous devrez régler la différence. Certains auto-entrepreneurs préfèrent choisir des formations dont le coût rentre entièrement dans le plafond.
La démarche pour faire une demande
Commencez par choisir votre formation et vérifier que l'organisme possède bien la certification Qualiopi. Sans ce label, aucun financement n'est possible. La plupart des centres de formation l'indiquent clairement sur leur site.
Demandez un devis détaillé au centre de formation. Ce document doit mentionner le programme, les dates, la durée en heures et le coût total. Vous en aurez besoin pour constituer votre dossier.
Connectez-vous ensuite sur le site de votre fonds d'assurance formation. Créez votre espace personnel avec votre numéro SIRET. Remplissez le formulaire de demande en joignant le devis, votre attestation de contribution à la formation professionnelle et parfois votre dernier avis URSSAF.
Envoyez votre dossier au moins un mois avant le début de la formation. Les délais de traitement peuvent être longs, surtout en période de forte demande. Attendre d'avoir l'accord de financement avant de vous inscrire définitivement évite les mauvaises surprises.
Les erreurs à éviter
Ne vous inscrivez jamais à une formation avant d'avoir reçu l'accord de prise en charge. Si votre demande est refusée, vous devrez payer l'intégralité de vos poches. Certains organismes de formation poussent à l'inscription rapide, mais mieux vaut attendre la validation du financement.
Vérifiez votre situation administrative avant de faire une demande. Si vous avez déclaré un chiffre d'affaires nul pendant plusieurs trimestres, votre droit à la formation peut être suspendu. Vous devez aussi être à jour de vos cotisations sociales.
Lisez bien les conditions de prise en charge de votre fonds. Certains imposent que la formation se déroule en France, d'autres excluent les cours en ligne ou au contraire les privilégient. Ces critères varient et peuvent évoluer d'une année sur l'autre.
Conservez tous les justificatifs : devis, convention de formation, certificat de réalisation, facture acquittée. Vous devrez les transmettre après la formation pour obtenir le remboursement. Sans ces documents, l'organisme peut refuser le paiement.
Les formations gratuites et alternatives
Au-delà des financements classiques, des dispositifs permettent de se former sans débourser un euro. Pôle emploi propose des formations pour les auto-entrepreneurs qui cumulent leur activité avec une inscription comme demandeur d'emploi.
Les chambres de commerce et d'artisanat organisent régulièrement des ateliers gratuits sur la comptabilité, le marketing ou le développement commercial. Ces sessions courtes de quelques heures ne remplacent pas une vraie formation mais donnent de bonnes bases.
Les webinaires et MOOC (formations en ligne ouvertes à tous) se multiplient. Certains sont gratuits, d'autres payants mais abordables. Même s'ils ne donnent pas toujours droit à une certification, ils permettent d'acquérir rapidement de nouvelles compétences.
Les réseaux d'auto-entrepreneurs organisent aussi des échanges de compétences. Un développeur peut former un graphiste aux bases du code en échange d'un coup de main sur son identité visuelle. Cette approche collaborative ne coûte rien et crée du lien.
Quand se former pour un maximum d'impact
Le début d'activité représente un moment clé. Beaucoup de micro-entrepreneurs se lancent avec de bonnes compétences techniques mais sans aucune notion de gestion. Une formation rapide en comptabilité et en obligations fiscales évite les erreurs coûteuses.
Après un ou deux ans d'activité, le besoin évolue. La maîtrise du marketing digital devient souvent prioritaire pour développer sa visibilité et trouver de nouveaux clients. C'est aussi le moment de renforcer ses compétences commerciales pour mieux vendre ses prestations.
Les périodes creuses se prêtent bien à la formation. Si votre activité ralentit en hiver ou en été, profitez-en pour vous former plutôt que de subir l'inactivité. Vous reviendrez avec de nouvelles cordes à votre arc quand les affaires repartiront.
Une évolution du marché ou de la réglementation justifie aussi une mise à niveau. Les auto-entrepreneurs qui ont dû s'adapter au RGPD, aux nouvelles normes de facturation électronique ou aux changements fiscaux ont souvent eu besoin de formations spécifiques.
Le bilan de compétences pour les indépendants
Peu connu des auto-entrepreneurs, le bilan de compétences peut pourtant s'avérer utile. Après quelques années d'activité, faire le point sur ses forces, ses faiblesses et ses envies permet de réorienter son offre ou de se repositionner sur le marché.
Ce dispositif est également finançable par votre fonds d'assurance formation. Il se déroule généralement sur plusieurs semaines avec un consultant qui vous aide à analyser votre parcours et à définir un projet professionnel clair.
Pour un auto-entrepreneur qui hésite à développer une nouvelle activité, à se spécialiser dans une niche ou au contraire à élargir son offre, le bilan de compétences apporte un éclairage extérieur précieux.
Ce qui va changer dans les prochaines années
Le système de financement de la formation pour les indépendants continue d'évoluer. La tendance va vers plus de digitalisation avec des plateformes uniques qui centraliseront les demandes quel que soit votre secteur.
Les formations courtes et ciblées gagnent du terrain face aux parcours longs. Les auto-entrepreneurs privilégient les modules de quelques jours qui leur permettent d'acquérir rapidement une compétence précise sans immobiliser trop de temps.
L'accent est aussi mis sur les formations liées à la transition écologique et numérique. Les organismes financeurs orientent leurs budgets vers ces thématiques considérées comme prioritaires pour l'avenir.
Rester informé des évolutions vous permet de profiter des nouvelles opportunités dès qu'elles apparaissent. Les fonds d'assurance formation communiquent régulièrement sur leurs actualités, pensez à vous abonner à leurs newsletters.